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Comment aider nos jeunes à s’orienter ?

Comment aider nos jeunes à s’orienter ?

14 février 2020| Valérie Spitzer, recruteur et collaboratrice de Jessica Joyal

Beaucoup de nos jeunes ne savent pas quelle carrière faire et donc quelles études entreprendre.  En tant que parents, comment pouvons-nous les aider?

 

Vous souvenez-vous du temps où nous étions enfants ? Tout nous semblait simple et quand les adultes nous demandaient ce que nous voulions faire plus tard, les réponses fusaient : coiffeuse, institutrice, pompier, astronaute etc. Nous n’avions aucune limite, aucun jugement sur ce qu’était un bon métier ou pas, savoir s’il était réalisable, si nous aurions un bon salaire etc. Malheureusement, cette spontanéité propre à l’enfant disparaît ou tout du moins s’amenuise beaucoup avec le temps… Rendu adolescent, le casse-tête commence. Au secondaire, durant le deuxième cycle, il faut déjà choisir certaines matières (maths forts, sciences fortes etc.) afin de s’orienter vers tel ou tel Cégep, et donc savoir quelle orientation choisir. Et là, les questionnements se multiplient.

 

Bien sûr, il y a quelques élus qui savent très exactement ce qu’ils veulent exercer comme emploi mais je ne pense pas qu’ils constituent la majorité. Pour ma part, je vis avec trois adolescents âgés de 14 à 20 ans. Avec les chums des uns, les blondes des autres et les nombreux amis qui ont jalonné leur adolescence, il me semble que je dispose d’un bon échantillon! Et le constat est souvent le même : Beaucoup de nos jeunes ne savent pas vers quel métier se tourner et donc quelles études entreprendre.

 

Bien souvent, ils choisissent une formation par défaut, qui ne les satisfait pas vraiment ou bien ils commencent à travailler en attendant… Quoi au juste ? Je ne sais pas trop. Bref, en tant que parent, je pense que notre rôle est bien sûr de les accompagner dans leur démarche et les aider à y voir plus clair. Oui, mais voilà, comment s’y prendre ?

 

Rencontrer des professionnels

 

Nos adolescents vivent à l’ère de la technologie. Tout se passe sur leurs cellulaires, leurs tablettes, ordinateurs etc. et loin des écrans, pas de salut! Et pourtant, c’est dans la « vraie vie » que les rencontres ont lieu. Pour ma part, j’ai changé plusieurs fois de carrière et c’est souvent une rencontre qui a été le moteur du changement. Quelques exemples ? J’ai rencontré lors d’un évènement le rédacteur en chef d’un journal et je suis devenue chroniqueuse pendant plusieurs années. Intéressée par le bien-être, je suis allée m’entraîner au gym, j’ai rencontré le directeur et il m’a proposé de reprendre le bistro du gym, afin d’y proposer de la nourriture santé. Et hop, une nouvelle expérience! Toute ma vie professionnelle est une histoire de rencontres fortuites et je suis sûre que je ne suis pas la seule dans ce cas. Parfois, c’est une discussion avec tel ou tel professionnel qui fait semer une graine dans notre esprit et qui fait changer le cours d’une vie.

 

Participer à des salons de l’emploi

 

Dans cette optique, il me semble essentiel que nos adolescents aient l’opportunité d’aller à des salons de l’emploi et de la formation. Il y en a plusieurs par année, parfois petits quand ils sont en région, parfois beaucoup plus impressionnants. C’est le cas notamment du Salon L’Évènement Carrières qui a lieu en avril à Montréal. Il se définit comme étant le plus gros salon de l’emploi et de la formation continue. J’y suis déjà allée et c’est vrai que c’est très grand et extrêmement intéressant de côtoyer tous ces experts d’emploi qui sont là pour répondre à vos questions. Il y a 275 stands et 10000 postes qui sont proposés. Ce salon est ouvert aux demandeurs d’emploi qui peuvent postuler directement et qui ont aussi accès à des services pour les aider dans leur recherche d’emploi : aide à la rédaction du CV, préparation d’entrevue etc. Il est aussi ouvert à tous les jeunes (et moins jeunes bien sûr) qui se cherchent et ne savent pas comment s’orienter.

 

Zoé, une jeune fille de 18 ans, n’a aucune espèce d’idée de ce qu’elle veut exercer comme métier. Son père lui propose d’aller à ce salon, lui arguant qu’elle va ainsi rencontrer des professionnels de tout milieu qui vont pouvoir l’aiguiller et l’aider à y voir plus clair. Réponse de l’intéressée : « Oh, merci mais je préfère regarder sur Internet ». Cela sera sans doute la réponse de beaucoup de jeunes car, aller à un salon, c’est aussi sortir de sa zone de confort. Je crois que notre rôle de parent est d’insister et, si besoin, de les accompagner à ces salons afin de faciliter la rencontre avec les professionnels.

 

Le stage d’un jour

 

C’est un stage qui peut être proposé en secondaire 3. Vous savez déjà ce que vous aimeriez faire mais vous n’êtes pas sûre à 100% que cela soit fait pour vous ? Ces stages sont faits pour vous! Jade a 14 ans et elle veut devenir avocate. Frédérique, la mère de son amie Juliette est avocate et elle lui a donc proposé, lors du stage d’un jour, de l’accompagner au tribunal, une journée où elle devra plaider. Jade est enthousiaste à cette idée et elle attend ce jour avec impatience. Cela lui permettra sans doute de savoir si elle a vraiment de l’intérêt pour ce métier… Ou non!

 

Un métier… pour toujours ?

 

Il peut être assez angoissant à 17 ou 18 ans de se dire que l’on doit faire des choix qui vont engager le reste de notre vie. C’était sans doute le cas de nos grands-parents et parfois de nos parents. Ils étaient mécaniciens, cuisiniers, employé d’usine etc. et le restaient tout au long de leur vie, parfois dans la même entreprise. Aujourd’hui, il est rare que l’on exerce le même métier toute sa vie. En tant que recruteur, j’ai la chance d’analyser le parcours professionnel de nombreuses personnes. Eh bien, ces parcours sont rarement linéaires. Vous regardez la formation de la personne, et ensuite vous observez quel est son cheminement professionnel… Cela ne correspond pas toujours, loin s’en faut.

 

De plus, il est fréquent que la personne change plusieurs fois d’emploi tout au long de sa carrière. Avant, rester dans la même entreprise, en occupant le même poste pendant 30 ans correspondait à la norme. Aujourd’hui, c’est une rareté et cela semble même bizarre. En tant que recruteur, je me dis : « Tiens, tiens, il est resté 30 ans dans la même entreprise, il doit vraiment avoir peur du changement et il va avoir du mal à s’adapter ailleurs! ». Vous devez donc rassurer vos jeunes en leur expliquant qu’ils vont possiblement changer d’emploi plusieurs fois dans leur vie. À 18 ans, leur choix sera sans doute déterminant pour les prochaines années mais pas pour toute une vie. Bref, rien n’est définitif. Ouf, il me semble que l’on m’aurait expliqué cela à cet âge là, cela m’aurait enlevé beaucoup de pression!

 

Des métiers qui n’existent pas encore ou que l’on ne connaît pas…

 

Alexia a 16 ans et elle est déjà stressée car elle n’a aucune idée de ce qu’elle veut faire plus tard. Son conseiller d’orientation lui propose toute une liste de métiers mais tout cela lui semble bien traditionnel. « Je n’ai pas envie d’être architecte, avocate ou médecin mais je ne connais pas tous les métiers alors je ne sais pas comment m’orienter et cela m’angoisse ». Il est vrai qu’il existe de nombreux métiers méconnus, dont on ne parle pas ou peu. Je vous suggère d’aller consulter de temps en temps le réseau social Linkedln. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un réseau social professionnel en ligne créé en 2002 et qui revendique plus de 400 millions de membres partout dans le monde. C’est gratuit et très facile d’accès. Chaque professionnel a une fiche, dans laquelle il indique sa formation et son cursus professionnel. Je trouve que c’est une mine d’informations incroyable. Vous y découvrirez sans doute des métiers que vous ne connaissiez pas, vous verrez les formations qu’il faut pour y accéder, les entreprises qui existent dans ce secteur d’activité etc.

 

Le site https://academos.qc.ca/ peut aussi vous aider. Une conseillère d’orientation m’expliquait que ce site met les jeunes avec des professionnels bénévoles qui se sont inscrits sur une liste pour être disponible (selon leurs possibilités) pour répondre aux questions de nos adolescents. Ils peuvent poser toutes les questions qu’ils veulent, ce qui leur permet de se renseigner sur tous les métiers susceptibles de les intéresser.

Un autre site du gouvernement https://www.emploisdavenir.gouv.qc.ca/liste-des-emplois/ permet de dresser, de façon alphabétique, la liste de tous les métiers possibles, avec un descriptif sur chacun d’eux.

 

La passation de tests psychométriques

 

Il existe des tests d’orientation professionnelle, qui correspondent généralement à des tests d’orientation professionnelle. Pour ma part, je connais notamment le test de préférences professionnelles de Holland (aussi appelé le RIASEC, en raison des six vecteurs qu’il mesure : Réaliste, Investigateur, Artistique, Social, Entreprenant, Conventionnel.

  • Réaliste : Besoin d'être impliqué physiquement dans ce qu'il fait;
  • Investigateur : Habité par une soif de connaissances et de savoir;
  • Artistique : Souhaite exprimer ses émotions ou pensées à travers des formes d'art;
  • Social : Attiré par les activités favorisant le contact avec les autres, particulièrement dans le but de les aider;
  • Entreprenant : Aime avoir des responsabilités, surmonter des défis dans l'espoir de se hisser au sommet;
  • Conventionnel : Désire respecter les normes, consignes et règles.

Certains ajoutent une septième dimension :

  • Éveilleur: veut contribuer à l'évolution en changeant le monde pour le mieux (idéaliste)

Bien sûr, il existe une pléthore de tests psychométriques, et notamment de tests d’orientation. Certains sont gratuits et vous les trouverez sur Internet. Attention toutefois, les psychologues les jugent peu fiables.

 

Le mieux est de se renseigner auprès du conseiller d’orientation de l’école de votre adolescent. Si vous disposez d’un certain budget, il peut être aussi très intéressant de communiquer avec un psychologue industriel, si possible spécialisé en orientation scolaire.

 

Mieux comprendre les exigences du métier que vous choisissez

 

Il est essentiel d’oser vivre ses rêves… Sans oublier la réalité. Eh oui, au risque de paraître un peu rabat-joie, elle existe et il faut aussi en tenir compte. Parfois, les jeunes choisissent une formation ou un métier, sans bien comprendre les implications que cela va entraîner pour eux. Il me semble important de bien recueillir toutes les informations nécessaires à une prise de décision éclairée. Il y a quelques mois, Madame Joyal a donné une conférence à des jeunes d’une école de design. Elle a trouvé que certains d’entre eux étaient très mal renseignés sur le métier de designer. Par exemple, certains ont semblé tombé des nues lorsqu’elle leur a expliqué que c’était un métier où il était bon d’être disponible le soir et les fins de semaine, afin de pouvoir rendre visite aux clients. Si votre idéal de vie est de rentrer chaque jour chez vous à 17h, peut-être n’avez-vous pas choisi la bonne branche…

 

Savez-vous qu’en latin, le mot travail se dit « tripalium », ce qui signifie littéralement « instrument de torture »! Alors, je souhaite à chacun de nos jeunes de trouver LE métier qui leur convient afin que leur travail ne soit pas une torture, mais bien au contraire, une belle source d’épanouissement!

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