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Se réorienter en période de crise

Se réorienter en période de crise

30 novembre 2020| Valérie Spitzer, recruteur et collaboratrice de Jessica Joyal

Se réorienter, oser l’inconnu et passer à l’action ? Oui, c’est certainement un rêve pour beaucoup d’entre nous mais du rêve à la réalité, il y a tout un pas, qu’il est parfois dur de franchir. Un conseiller d’orientation m’a fait une remarque, il y a des années, qui m’a beaucoup marquée. Il me faisait remarquer, par une belle analogie, que nous avions deux jambes : la jambe du rêve et la jambe de la réalité.

 

La première est celle qui nous donne l’envie de nous lever le matin, exercer notre métier qui soit aussi notre passion. La deuxième est plus raisonnable, elle analyse, soupèse le pour et le contre, vérifie le budget etc. Il est essentiel de trouver l’équilibre entre les deux afin de marcher avec aisance et d’avancer vers nos rêves, sans se mettre en danger inutilement.

 

Il semblerait que ce temps de pandémie et de crise soit aussi un temps pour se remettre en question et oser ce pas vers l’inconnu. Parfois, il ne s’agit plus d’un choix mais d’une obligation puisque le secteur d’activité (restauration, aéronautique etc.) dans lequel nous évoluons est sinistré ou vit des difficultés importantes.

 

 

La réorientation professionnelle en quelques chiffres.

 

Dans un article publié précédemment sur notre site web, (https://www.jessicajoyal.com/blog/changement-quand-tu-nous-guettes), nous avions effectué un sondage afin de mieux cerner ce besoin de réorientation chez certains.

 

La question était la suivante : Ce temps de pause vous incite- t-il à vous remettre en question ? 47% des répondants avait dit envisager de changer de carrière ou être en réflexion.

 

Même son de cloche de la part de nos « cousins » d’Outre-Atlantique ! D’après une étude Opinion Way publiée en juin 2020 (https://www.capital.fr/votre-carriere/la-crise-va-t-elle-accelerer-les-projets-de-reconversion-des-francais-1378377), 48% des salariés affirment que leurs priorités ont changé suite à la crise sanitaire ; 34% disent avoir de nouveaux centres d'intérêt ou avoir « donné une nouvelle orientation à leur vie »

 

Alors, est-ce une bonne idée de se réorienter en temps de crise ?

 

Pas de décision hâtive !

 

Madame Josée Landry, présidente de l’Ordre des conseillers d’orientation du Québec, dans un article publié récemment dans le Quotidien (lien vers l'article), met en garde les employés et toute personne désireuse de changer d’emploi dans le contexte actuel. Interrogée au sujet de la réorientation, voici sa réponse : « Ce qu’on conseille, c’est qu’une situation de crise n’est pas un bon moment pour prendre une décision importante. On risque de prendre des décisions impulsives, en réaction à une situation, plutôt que de prendre une décision durable et qui respecte notre personnalité ». Certes, ses propos ont beaucoup de sens, cependant certains d’entre nous ont perdu leur emploi et ils n’ont pas d’autres choix que de se réorienter.

 

Se tourner vers le métier de préposé aux bénéficiaires ?

 

Madame Landry reprend pour exemple le cas des préposées aux bénéficiaires puisque, comme chacun sait, la demande est très forte en ce moment pour ce métier. Avec la rémunération alléchante proposée par le gouvernement et l’avantage d’une formation rapide, beaucoup ont répondu avec enthousiasme à l’appel. Pour certains, c’était le fruit d’une réflexion entamée depuis longtemps, pour d’autres, la décision a été prise très rapidement. Madame Landry nous rappelle que « ce métier est une vocation. Et comme dans tous les emplois, ce n’est pas tout le monde qui est fait pour ça et ça demande une réflexion ».

 

 Pour preuve, nous sommes nombreux à avoir entendu des personnes très enthousiastes au départ par ce projet, et qui ont vite déchanté. Dans mon entourage proche, j’en connais plusieurs qui ont abandonné au bout de quelques semaines, voire quelques mois. Du rêve que l’on se fait dans sa tête (« Je vais aider les personnes âgées, je vais discuter avec elle, en prendre soin ») et la réalité (Des collègues parfois jaloux, pas de temps de qualité avec la clientèle etc.), il y a parfois un fossé. Voici le témoignage de Nathalie, ancienne massothérapeute reconvertie en préposée aux bénéficiaires : J’étais très enthousiaste mais la réalité est bien différente de ce que j’imaginais. Étrangement, c’est certaines relations entre les collègues qui génèrent le plus de stress. Divergences d’opinion et incompatibilité de caractère… Comme si la charge de travail n’était pas assez !

 

Massothérapeute, violoniste, agent de bord, ils ont été nombreux à se tourner vers les métiers de la santé. Ceux qui sont motivés et vont rester de façon durable, ce n’est pas en raison de la rémunération. C’est parce que leur métier répond à ce qu’ils sont comme personne, rappelle Mme Landry.

 

 

Vos compétences sont-elles transférables ?

 

Cela semble une question essentielle. Puis-je transférer mes compétences et si oui, dans quels domaines ? D’autres questions vont faire surface : Et si je me trompe ? Vais-je m’accomplir ? Y a-t-il des possibilités d’avenir dans le secteur que j’envisage ?

 

Cette réflexion peut se faire seul(e), toutefois, si vous êtes accompagné par un conseiller d’orientation ou un spécialiste en gestion de carrières, ladite réflexion sera enrichie par toute l’expérience de cette personne. Oui, cela a un coût mais dites-vous que vous investissez en vous-même pour un avenir meilleur et ça, cela n’a pas de prix ! À ce sujet, je vous invite à lire un article publié précédemment sur l’utilité des bilans de compétences

 

Si vous ne disposez d’aucun budget pour cela, prenez le temps de vous asseoir et de dresser par vous-même la liste de toutes les qualités, aptitudes, compétences acquises tout au long de votre carrière. Vous serez sans doute surpris, de façon positive, par tout ce que vous avez déjà accompli et cette confiance en vous sera un levier important de réussite dans le cadre de votre recherche d’emploi.

 

La reconnaissance des acquis et le financement des formations.

 

Mme Landry rappelle que, selon le parcours du candidat, une partie de la formation que vous ciblez pourrait être créditée par l’établissement scolaire. Le processus est assez exigeant, mais ça peut vraiment en valoir la peine, explique-t-elle.

 

Elle précise également que la formation pourrait être financée par Emploi-Québec si le domaine est en pénurie de main-d’œuvre, ou par des bourses du gouvernement, selon la situation financière du candidat.

 

Passer à l’action… sans sous-estimer les obstacles

 

Reprenons l’image d’une course. Au début, vous êtes plein d’énergie et de confiance mais, arrivés au milieu de la course, il est probable que vous soyez fatigués, essoufflés et que vous ayez envie d’abandonner. C’est là où les efforts sont les plus importants et, pour réussir votre course, il est bon d’être bien préparé et, avant de commencer la course, d’avoir envisagé les obstacles et embûches que vous alliez possiblement rencontrer en cours de route.

 

L’exemple de l’agent de bord devenu travailleur agricole

 

Voici un bel exemple de reconversion et de persévérance… Monsieur Delisle était agent de bord depuis quatorze ans. La pandémie l’oblige à une reconversion et il suit une formation en gestion agricole. Son objectif est de reprendre les terres de ses parents. Voici son témoignage que vous pourrez retrouver sur Radio Canada. (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1748948/changement-carriere-pandemie-agent-bord-travailleur-agricole).

 

« C’est un beau défi, mais je vais être franc : c’est très difficile, reconnaît Monsieur Delisle. Il faut recommencer à étudier, s’adapter aux cours en ligne, se motiver malgré le confinement… et budgéter. Il espère en effet pouvoir conserver son appartement à Montréal et éviter de retourner vivre chez ses parents en réduisant suffisamment ses dépenses et en puisant dans ses économies.

 

J’ai eu une mini-crise de panique la semaine passée, quand je voyais tout devant moi. Le projet à venir, ce que je dois organiser… Mais il faut que tu pousses et, éventuellement, tu passes par-dessus. Ça fait partie du processus. 

 

Ce témoignage, comme beaucoup d’autres, nous permet de nous rendre compte que, dans tout processus de reconversion et de réorientation, le doute, la peur de se tromper, l’angoisse sont des émotions bien légitimes et il est normal de les ressentir. Mais il est important de ne pas oublier aussi ce qui est notre moteur principal pour avancer, changer et réussir : L’ESPOIR !

 

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