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Le télétravail : Une nouvelle réalité ?

Le télétravail : Une nouvelle réalité ?

10 novembre 2020| Valérie Spitzer, recruteur et collaboratrice de Jessica Joyal

Travailler de chez soi n’est plus hors-norme depuis le début de la pandémie. Bien au contraire, c’est devenu, pour plusieurs, une nouvelle réalité.

Comment nous adaptons- nous à cette nouvelle façon de travailler ?

 

On constate que cette réalité ne s’applique pas juste aux adultes mais aussi aux adolescents, pour tous ceux qui se retrouvent à faire l’école à la maison un jour sur deux. Un article publié dans le Journal de Québec et repris dans le Journal de Montréal en novembre 2020 démontre que nos ados semblent peu disciplinés !  Un professeur relate qu’environ 5 à 10% des jeunes sont récalcitrants dans l’école où il enseigne. Ce chiffre augmente de 30 à 40% lorsqu’il s’agit de faire l’école à la maison. Cet enseignant témoigne : Ils jouent à des jeux vidéo en ligne ou bien encore ils se présentent devant leur écran en pyjama. L’un d’entre eux a même suivi son cours alors qu’il était… Dans son bain ! Ce sont des données assez peu encourageantes ! Mais qu’en est-il des adultes ?

 

Sommes-nous plus disciplinés en télétravail ? Plus productifs ? Plus heureux ? Plus stressés ? Entrons au cœur de cette nouvelle réalité afin de le découvrir ensemble…

Le télétravail en quelques chiffres

Selon une étude publiée en mai 2020 par l’Université de Montréal, le télétravail favoriserait la productivité et l’innovation, même en présence d’autres personnes dans le domicile

 

Un autre sondage réalisé par la firme VMWare Canada et publié en juin 2020 auprès des québécois en télétravail abonde dans le même sens. Il indique que 74% d’entre eux se disent plus productifs. Près de 80% trouvent l’expérience du télétravail positive. 60% estiment qu’ils arrivent beaucoup mieux à réussir la fameuse conciliation travail/vie de famille. 92% considèrent que le télétravail est là pour durer et que leurs employeurs vont devoir s’adapter et uniquement 8% aimeraient retourner sur leur lieu de travail à temps plein.

 

Plus de productivité

Eh oui, cela semble au départ surprenant mais il semblerait que le télétravail nous rende plus efficace. Finies les discussions avec les collègues et les diversions de toute sorte ! On est tout seul et généralement on se concentre plus facilement. Marie est psychoéducatrice et elle travaille désormais de chez elle trois jours par semaine. J’adore, nous confie-t-elle ! Je suis plus productive et pendant mes pauses, je fais une brassée de lavage ou je prépare le souper, ce qui me rend aussi plus efficace à la maison.

 

Même son de cloche de la part de Marie-Pierre, responsable des commandes dans une entreprise manufacturière. On a toujours des réunions (virtuelles) mais beaucoup moins et cela fait gagner du temps. Avant, je devais finir plus tôt à cause du trajet. Maintenant, j’ai plus de temps avant que ma fille rentre de l’école et je travaille donc plus longtemps. Le télétravail me permet des horaires plus souples.

 

Véronique, professionnelle senior, nous avoue que le seul inconvénient du télétravail est qu’elle oublie de faire des pauses et qu’elle a tendance à faire plus d’heures ! Un inconvénient pour elle qui sera sûrement perçu comme un bel avantage pour son employeur !

 

De façon générale, c’est un beau message pour les employeurs, inquiets, qui peuvent moins contrôler et superviser le travail de leurs employés. Oubliez vos peurs, il semblerait que nous soyons plus efficaces à la maison ! De beaux arguments pour que le télétravail perdure dans le temps !

 

Néanmoins, il est difficile de généraliser. Les travailleurs les plus productifs sont généralement ceux qui sont disciplinés et rigoureux de nature. De plus, il faut avoir une propension naturelle à aimer travailler seul. En revanche, si vous avez une tendance à la paresse et si vous êtes désorganisé, il est fort probable que le télétravail ne soit pas fait pour vous ! La palme d’or des travailleurs les plus disciplinés en télétravail semblent revenir aux personnes âgées de 40 ans et plus, probablement du fait qu’elles ont moins d’obligations familiales (gestion des jeunes enfants).

 

Par ailleurs, les personnes qui ne se sentent pas outillés au niveau technologique et qui se sentent loin des centres de décision se sentent moins productives en télétravail. Une enseignante témoigne : Je suis très anxieuse à l’idée que je vais peut-être devoir apprendre à donner mon cours à distance. Je suis une enseignante de primaire et je me sens complètement dépassée au niveau de la technologie. Je vais me sentir moins efficace sans le contact direct avec les élèves.

 

Une diminution des dépenses.

Nathalie, travaille dans le secteur du tourisme. Elle a gardé son emploi mais elle est en télétravail depuis le mois de mars. Elle nous avoue qu’au début, l’adaptation a été difficile. Huit mois plus tard, elle est toujours en télétravail à temps plein et elle trouve cela positif. Je me suis adaptée, je fais beaucoup d’économies en terme de temps mais aussi en termes d’essence, de restaurant et de vêtements. Je n’ai plus besoin de renouveler ma garde-robe. J’ai même pensé vendre ma voiture.

 

Ce témoignage est loin d’être isolé. Nourriture, transport, vêtement, on économise dans beaucoup de domaines. On peut imaginer que ce chiffre peut se transposer au Québec. Par ces temps de pandémie ou l’insécurité règne, voici un chiffre rassurant !

 

Enfin, vous allez pouvoir déduire certaines de vos dépenses dans vos impôts. Pour cela, vous devez être en télétravail au moins 50% de votre temps. Dans ce cas, vous allez pouvoir déduire vos fournitures de bureau, une partie de votre chauffage, électricité, loyer, en tenant compte de la superficie que vous occupez dans votre domicile et qui est liée au travail. Intéressant, tout de même !

 

Qu’en est-il de la santé mentale ?

Nous sommes tout de même des êtres faits pour sociabiliser et échanger avec autrui. De ce fait, le télétravail peut être lourd à porter pour certains d’entre nous, surtout si on vit seul. Malgré tout, certains tirent bien leur épingle du jeu. Ainsi, il est important de noter que le taux d’absentéisme est moins important depuis que le télétravail a été implanté.

 

Certains d’entre nous se considèrent en bien meilleure santé depuis qu’ils travaillent de chez eux. C’est le cas de Mélanie, professionnelle en ressources humaines et habitante des Laurentides. Avant, je devais me lever très tôt car je prenais le train de banlieue chaque jour pour aller travailler à Montréal. Maintenant, je me lève plus tard mais j’ai encore le temps d’aller marcher chaque jour une heure avant de commencer mon travail. Résultat : beaucoup moins de stress et des douleurs chroniques qui ont complètement disparu ! Elle adore cette nouvelle façon de travailler, elle se dit tout aussi productive qu’avant, voire plus tout en répondant davantage à ses besoins… Et elle espère fortement que le télétravail va devenir permanent. Pour d’autres, la santé mentale est très fragilisée. Irritabilité, anxiété, sautes d’humeur, insomnie, manque de motivation sont autant de symptômes qui apparaissent chez plusieurs et qui ne sont pas à prendre à la légère.

 

La formule idéale, en matière de santé mentale, semble de pouvoir se « partager » entre le bureau et la maison, afin de profiter tout de même de la synergie entre collègues. Jessica Joyal, entrepreneur, est convaincue de cela. « Oui, on travaille bien et plus lorsqu’on est seul. Toutefois, certaines de nos tâches sont parfois lourdes à gérer. Il est important de pouvoir ventiler, partager… ».

 

Le point de vue des employeurs

Le discours semble plus nuancé du côté des employeurs que du côté des employés.

 

Comme entrepreneur, il y a un coût à tout cela. L’achat de laptop, l’installation des VPN pour entrer à distance, l’abonnement à Zoom, Team. J’investis dans la téléphonie IP justement pour m’adapter à tout cela s’il fallait que cette pratique de télétravail prenne plus souvent forme. Au moins, je ne serai pas seule à recevoir les appels et les clients ne ressentiraient aucune différence, nous confie Jessica Joyal, chasseur de têtes.

 

De plus, les stratégies de numérisation prennent tout leur sens et l’obligation de les implanter est obligatoire si on veut tirer son épingle du jeu dans le marché. Encore de l’argent, mais la pérennité des organisations passe par cet aspect, rajoute Mme Joyal.

 

Selon un sondage paru récemment, 55% des entreprises québécoises ont mis en place des politiques pour encadrer le télétravail, comme des guides d’accompagnement au télétravail. Enfin, seules 32% des entreprises se disent confiantes quant à leur capacité à s’adapter à cette nouvelle réalité, notamment au niveau technologique.

 

Recrutement et télétravail

Malgré la crise actuelle, on parle encore de pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs. De ce fait, les recruteurs et les employeurs doivent toujours être en mode « séduction » pour attirer une main-d’œuvre qualifiée. En tant que recruteur, je constate que les candidats revendiquent davantage le droit de travailler de chez eux. Les employeurs doivent parfois proposer le télétravail (même si c’est juste à temps partiel) afin de se montrer compétitif et de proposer une offre d’emploi alléchante.

 

 Ainsi, si le candidat que vous convoitez est déjà en mode télétravail avec son employeur actuel, il sera bien difficile de l’embaucher si vous ne lui proposez pas ce même avantage. Là encore, les employeurs vont devoir faire preuve d’une belle capacité d’adaptation et l’adaptation est loin d’être évidente. En effet, autoriser votre employé à être en télétravail suppose une certaine confiance. Difficile de donner cette confiance à un candidat que vous connaissez à peine !

 

Sur une note plus optimiste, le télétravail devrait permettre aux employeurs et aux recruteurs d’avoir accès à un plus grand panel de candidats, en élargissant leur recherche au niveau géographique. Par exemple, si les employeurs sont capables de proposer le télétravail, ils pourront plus facilement convaincre un candidat habitant les Laurentides de venir travailler à temps partiel à Montréal ou Laval, s’ils savent qu’ils pourront travailler de chez eux le reste du temps.

 

La crise que nous traversons actuellement nous donne donc l’opportunité de définir de nouvelles façons de travailler. Dans un monde idéal, le télétravail devrait être une option et non une obligation. Nous devons aussi faire en sorte qu’il soit une formule gagnante, non seulement pour les employés mais aussi pour les employeurs. Bien évidemment, le télétravail n’est tout simplement pas possible dans certains secteurs d’activité (comme les industries de transformation) ou pour certains services. Comme me le faisait remarquer avec humour, un collègue : « Euh, le télétravail pour un dentiste ? Pas sûr ! »

 

Vous vivez une expérience de télétravail ? N’hésitez pas à nous partager vous aussi vos impressions. Que vous soyez salarié, travailleur autonome, employeur, vos témoignages nous intéressent !

 

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